Marcel Proust et l'affaire Dreyfus - Yves FRAVALO

On sait comment l’affaire Dreyfus a secoué la société française au tournant des XIXème et XXème siècles - de l’année 1894 où l’officier de ce nom, alsacien d’origine juive, polytechnicien de formation et attaché au ministère de la guerre, se voit accusé de « haute trahison » (au profit de l’Allemagne) et condamné, à l’année 1906 où il se trouve réhabilité par un arrêt de la cour de Cassation.
Marcel Proust, né en 1871, est âgé d’à peine plus de vingt-cinq ans au moment où s’amorce le mouvement qui conduit à la révision du procès (1899) : combat pour la vérité et la justice, dans lequel il s’engage avec passion.
Ce qui retiendra essentiellement notre attention, c’est la place accordée à l’Affaire dans le roman – A la recherche du temps perdu – dont l’écriture ne prend son essor qu’à partir de 1908. De la première approche, tentée à l’époque même du procès Zola (1898), dans les pages de Jean Santeuil – roman dont la rédaction est abandonnée vers la fin de 1899 – à celle, beaucoup plus distanciée, que l’on peut observer « dans le grand œuvre », s’observe une évolution considérable qu’il s’agira d’apprécier de façon à éclairer les caractères propres du projet proustien en matière de représentation de la vie sociale et la conception même de l’art à laquelle cette représentation se trouve subordonnée.

Ancien professeur dans les classes préparatoires du lycée Guist'hau, Yves Fravalo assure actuellement des cours à l'Université permanente - dont un cycle proustien de trois ans, qui vient de s'achever.