21 novembre 2014 : Rémy RIEFFEL "La révolution numérique est-elle une révolution culturelle ?"
Rémy Rieffel est directeur du Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias (CARISM) et enseignant à l'Institut français de presse (IFP) de l'Université Paris II. C'est donc avec son expertise en sociologie des médias, et celle du métier de journaliste, qu'il croise révolution numérique et révolution culturelle.
Il est en effet pertinent, après 20 ans d'internet « grand public » de comprendre l'ancrage de cette révolution numérique, d'en sonder scientifiquement les usages culturels, les points saillants. Pour exemple, son analyse de l'identité :
-le Culte de l'apparence où l'identité de l'individu glisse vers une identité virtuelle. Rémy Rieffel repère trois stratégies pour s'y exprimer, particulièrement chez les jeunes : le « phare » se montre tel qu'il est, le « clair obscur » largement usité se dissimule, le « paravent » utilise avatars et pseudos pour cracher son agressivité.
-Le lien avec autrui via la culture en réseau, où l'immersion peut alerter sur la cyberdépendance. Il différencie la sociabilité connexionniste vers des milliers d'internautes dits en liens faibles -reflets de la vie courante, d'autres liens dits forts, bien que parcimonieux, renforçant la culture partagée, aussi celle du LOL avec art du décalage, de la dérision.
Autre exemple : les moteurs de recherche, réels outils de prospection mais qui appellent à la vigilance, il pointe la hiérarchie des œuvres via les référencements et donc leur visibilité qui impacte leur légitimité.
Et encore, notre rapport à l'information, modifié lui aussi par le numérique. Les jeunes y accèdent dans une démarche opportuniste, par le hasard du cheminement, le mainstream suffit à combler leur curiosité. Les plus âgés suivent leur quotidien sur le web, une minorité s'abonne à des sites payants type Mediapart ou Rue89. Ce libre accès à la connaissance néglige le rôle de l'intermédiaire, guide dans l'apprentissage de la hiérarchisation, tel le journaliste, l'enseignant. Côté communication politique, l'échange citoyen semblerait favoriser le débat horizontal, les stratégies peuvent s'avérer de fait plus contrôlées qu'auparavant.
Dans son livre ressource à la bibliographique abondante, Rémy Rieffel note aussi le glissement qui oblige à des collaborations de compétences diversifiées devant la quantité et la diversité des informations traitées. Il nous guide dans son approche historique de cette troisième révolution industrielle. Et peut-être parce qu'expert mais non « digital native » il sait nous faire pénétrer dans son analyse nuancée.
Eliane Fardouet - novembre 2014
Il est en effet pertinent, après 20 ans d'internet « grand public » de comprendre l'ancrage de cette révolution numérique, d'en sonder scientifiquement les usages culturels, les points saillants. Pour exemple, son analyse de l'identité :
-le Culte de l'apparence où l'identité de l'individu glisse vers une identité virtuelle. Rémy Rieffel repère trois stratégies pour s'y exprimer, particulièrement chez les jeunes : le « phare » se montre tel qu'il est, le « clair obscur » largement usité se dissimule, le « paravent » utilise avatars et pseudos pour cracher son agressivité.
-Le lien avec autrui via la culture en réseau, où l'immersion peut alerter sur la cyberdépendance. Il différencie la sociabilité connexionniste vers des milliers d'internautes dits en liens faibles -reflets de la vie courante, d'autres liens dits forts, bien que parcimonieux, renforçant la culture partagée, aussi celle du LOL avec art du décalage, de la dérision.
Autre exemple : les moteurs de recherche, réels outils de prospection mais qui appellent à la vigilance, il pointe la hiérarchie des œuvres via les référencements et donc leur visibilité qui impacte leur légitimité.
Et encore, notre rapport à l'information, modifié lui aussi par le numérique. Les jeunes y accèdent dans une démarche opportuniste, par le hasard du cheminement, le mainstream suffit à combler leur curiosité. Les plus âgés suivent leur quotidien sur le web, une minorité s'abonne à des sites payants type Mediapart ou Rue89. Ce libre accès à la connaissance néglige le rôle de l'intermédiaire, guide dans l'apprentissage de la hiérarchisation, tel le journaliste, l'enseignant. Côté communication politique, l'échange citoyen semblerait favoriser le débat horizontal, les stratégies peuvent s'avérer de fait plus contrôlées qu'auparavant.
Dans son livre ressource à la bibliographique abondante, Rémy Rieffel note aussi le glissement qui oblige à des collaborations de compétences diversifiées devant la quantité et la diversité des informations traitées. Il nous guide dans son approche historique de cette troisième révolution industrielle. Et peut-être parce qu'expert mais non « digital native » il sait nous faire pénétrer dans son analyse nuancée.
Eliane Fardouet - novembre 2014
Mis à jour le 22 mars 2022.