Conférence du 4 novembre 2016 : Maurice SZAFRAN "Le journaliste est-il par définition engagé ?"
Pour Maurice Szafran l'engagement est d'abord la ligne éditoriale qui peut être une ligne de neutralité. Tous les médias sont donc engagés. C'est particulièrement vrai en France où le modèle est très politique pour des raisons historiques. En résulte-t-il ou non, une influence sur le traitement de l'information ? La réponse est à nuancer, si l'on distingue l'information proprement dite, du commentaire. Le titre retenu, l'annonce, sont souvent significatif de l'orientation donnée par le média. Pour une bonne information, il faut du temps des moyens et de l'argent. Les réseaux sociaux ignorent le temps, les médias réduisent ou manquent d'argent et de moyens humains.
Les médias ont-ils un rôle déterminant dans la formation de l'opinion, comme l'idée est répandue dans une vision complotiste des grands supports radio-télé ?
Maurice Szafran n'adhère pas à cette vision complotiste : globalement « la presse n'invente rien , elle a un rôle amplificateur » qui peut être jugé excessif (lynchage médiatique). Il ne conteste pas les phases de "bashing" menées notamment dans les affaires judiciaires. Mais relativise leur portée en rappelant la diffusion en kiosque des journaux ou magazines nationaux: Le Point 60 000 exemplaires, Libération 15 000 exemplaires...Il souligne également que le panurgisme, le fait de dire la même chose, est un défaut récurrent de la presse qui n'est pas sans lien avec la concentration des médias aux mains de quelques responsables de grands groupes : Patrick Drahi, Xavier Niel, Bernard Arnault, François Pinault...
"La pensée unique" est la conséquence de cette concentration et du panurgisme des grands médias "même si Le Point reste surprenant". L'impact sur l'opinion n'est ni automatique, ni unilatéral. Un exemple évident : le rejet par référendum du traité européen en 2005 à une nette majorité alors que les éditorialistes et grands médias audio visuels quasi unanimes, appelaient à la ratification. Une illustration supplémentaire est venue de Grande-Bretagne avec le Brexit que la presse ne voulait pas voir (on peut ajouter l'élection du président américain intervenue depuis, et que 95 % de la presse n'avait pas pronostiquée). La place prise par les réseaux sociaux est évidente, pour contrecarrer la pensée unique.
Maurice Szafran constate que la pensée unique évolue de la gauche vers la droite. C'est la droite qui est dominante aujourd'hui. Dans le constat des effets du panurgisme et de l'imitation, il relève les exceptions françaises : Le Canard Enchaîné, centenaire immuable, différent, et riche ( 120 millions de réserves), Médiapart exemple de pure player qui a trouvé public et financement, et aussi des journaux ou hebdos qui ont trouvé un chemin et une cohérence ( La Croix, Télérama). Il note également la qualité de la presse hebdomadaire française, jugé "La meilleure du monde".
Jean-Claude Charrier
Novembre 2016
Les médias ont-ils un rôle déterminant dans la formation de l'opinion, comme l'idée est répandue dans une vision complotiste des grands supports radio-télé ?
Maurice Szafran n'adhère pas à cette vision complotiste : globalement « la presse n'invente rien , elle a un rôle amplificateur » qui peut être jugé excessif (lynchage médiatique). Il ne conteste pas les phases de "bashing" menées notamment dans les affaires judiciaires. Mais relativise leur portée en rappelant la diffusion en kiosque des journaux ou magazines nationaux: Le Point 60 000 exemplaires, Libération 15 000 exemplaires...Il souligne également que le panurgisme, le fait de dire la même chose, est un défaut récurrent de la presse qui n'est pas sans lien avec la concentration des médias aux mains de quelques responsables de grands groupes : Patrick Drahi, Xavier Niel, Bernard Arnault, François Pinault...
"La pensée unique" est la conséquence de cette concentration et du panurgisme des grands médias "même si Le Point reste surprenant". L'impact sur l'opinion n'est ni automatique, ni unilatéral. Un exemple évident : le rejet par référendum du traité européen en 2005 à une nette majorité alors que les éditorialistes et grands médias audio visuels quasi unanimes, appelaient à la ratification. Une illustration supplémentaire est venue de Grande-Bretagne avec le Brexit que la presse ne voulait pas voir (on peut ajouter l'élection du président américain intervenue depuis, et que 95 % de la presse n'avait pas pronostiquée). La place prise par les réseaux sociaux est évidente, pour contrecarrer la pensée unique.
Maurice Szafran constate que la pensée unique évolue de la gauche vers la droite. C'est la droite qui est dominante aujourd'hui. Dans le constat des effets du panurgisme et de l'imitation, il relève les exceptions françaises : Le Canard Enchaîné, centenaire immuable, différent, et riche ( 120 millions de réserves), Médiapart exemple de pure player qui a trouvé public et financement, et aussi des journaux ou hebdos qui ont trouvé un chemin et une cohérence ( La Croix, Télérama). Il note également la qualité de la presse hebdomadaire française, jugé "La meilleure du monde".
Jean-Claude Charrier
Novembre 2016
Mis à jour le 22 mars 2022.