Condamnées à mort. L’épuration des femmes collaboratrices à la Libération par Fabien LOSTEC

Contrairement à une idée reçue, l'épuration des collaboratrices, ou présumées telles, ne se résume pas aux tontes. Plus de 30 000 femmes sont jugées à la Libération et, parmi elles, 651 sont frappées par la peine capitale pour faits de collaboration. 46 sont finalement exécutées. Jamais depuis la Révolution française autant de femmes n’avaient été condamnées et mises à mort en si peu de temps. Qui sont les condamnées à mort, de quelle façon ont-elles collaboré, comment vivent-elles leur épuration et par qui sont-elles jugées ? Cette conférence brosse le portrait individuel et collectif de ces épurées. Elle nous montre qu’au-delà de l’image de la collaboratrice sentimentale, elles se sont résolument engagées au service de l’ennemi, ont commis des actions violentes, des tortures, ont provoqué des déportations et des assassinats. La morale et le droit s’entremêlent lors de leurs procès, les condamnées à mort étant accusées d’être de mauvaises épouses et/ou mères et, plus largement, de mauvaises femmes. Il s'agit alors de s'intéresser au temps du jugement jusqu’à l'exécution pour celles dont le recours en grâce est rejeté et au temps de l’incarcération puis de la sortie de prison pour celles qui bénéficient d’une commutation de peine.

Fabien LOSTEC est docteur en histoire contemporaine après avoir soutenu une thèse sur "Les femmes condamnées à mort en France à la Libération pour faits de collaboration" en 2020 à l'université Rennes 2. Il est enseignant et chargé de cours dans cette même université. Actuellement, il poursuit ses recherches sur l'épuration, sujet auquel il a consacré de nombreux articles, mais aussi sur l'emprisonnement durant la Seconde Guerre mondiale et à la Libération, à partir du cas de la prison Jacques-Cartier de Rennes (qui a fermé ses portes en 2010 et a été rachetée par la métropole en 2021), dont le devenir est discuté au sein de collectifs citoyens.