8 janvier 2016 : Général Benoit Royal "La guerre pour l'opinion publique"

Le général Royal a structuré son propos autour de trois axes :
  1. Comprendre l'opinion publique
  2. Les enjeux de la conquête de l'opinion publique dans la guerre
  3. Les moyens pour lutter et pour gagner
Sur le premier point, il s'interroge sur le mode de fonctionnement de l'opinion, autour des notions de sentiments, pulsions et envie, avec la question «  Comment fonctionnons-nous ? ». La place prise par les photos "émotives" comme celle du petit Aylan est spectaculaire à cet égard. On peut parler de dérives émotionnelles. Il souligne la désagrégation des anciennes solidarités, locales et universelles qui entraine un "étiolement » du sentiment collectif. Nous sommes dans une société du " moi, je".
Pour le général Royal en matière de conquête de l'opinion en situation de guerre, "La légitimité  se construit". Elle peut aussi se défaire très vite comme au Vietnam où les Américains ont donné la libre circulation aux journalistes. En quelques semaines, l'opinion a pris conscience de la violence parfois insupportable du conflit (la petite fille nue brûlée au napalm). L'engagement américain a rapidement perdu le soutien de l'opinion. Les militaires en ont tiré les conséquences au regard de la place des journalistes sur les zones de conflits. Nos adversaires visent la fragilité et la perméabilité des opinions publiques. Daech par exemple produit des revues de vulgarisation très professionnelle dans la forme. Dans cette optique, les morts dans le camp de l'Etat islamique sont des héros, alors que nos soldats sont des victimes.
Quels sont les moyens pour lutter et pour gagner ?  Il faut, dit le général Royal "Gagner la bataille du temps" c'est-à-dire être a l'initiative pour ne pas se laisser imposer le calendrier médiatique. Attaquer l'adversaire sur son propre terrain où sa grande faiblesse est l'immoralité des actes et des comportements. Peut-on combattre le mensonge par le mensonge ? Il est clair que les services secrets ont parfois besoin de zones d'ombre pour être efficace. Il cite l'exemple d'une  cellule terroriste fictive - et efficace - en 1985.
Il faut aussi renforcer la résistance des opinions publiques. Le contexte des attentats - et sans doute, la communication ouverte des militaires - font que l'image l'armée dans la population a cessé de se dégrader. Une prise de conscience est apparue : on peut mourir à la guerre. Les jeunes militaires sont de plain pied dans leur époque et apprenne à communiquer. Par ailleurs, « Il faut engager le combat de la moralité », cultiver la transparence « Ne pas tout dire mais ce qui est dit doit être vrai et vérifiable », appliquer avec rigueur les règles éthiques du soldat au combat.
Pour conclure Le général Royal constate que Daech a perdu la guerre en France : il n'y a eu de basculement de l'opinion publique suite aux attentats. Au contraire la résistance s'est manifestement renforcée. Logiquement il considère que «  L'armée est l'assurance-vie du pays ».

Jean-Claude Charrier - janvier 2016


Mis à jour le 22 mars 2022.
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