BAYET Journaliste diplômé de l'école de journalisme de Lille, Antoine BAYET est directeur éditorial de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel). Il a publié en janvier 2022 une enquête sur les faussaires de l'info. Voyage au pays de la Dark Information, un ouvrage qui dresse le portrait des décrocheurs de l'info, un monde parallèle où les fake news circulent en dehors des circuits classiques
hors de tout contrôle.

Qu'est ce que la dark information ?
"Un terme que j'ai inventé pour nommer ces communautés qui défient les journalistes et les Médias traditionnels. Gilets jaunes, pro Raoult, anti vax, militants d'extrême droite, ils participent à la désinformation au travers des réseaux sociaux. La diffusion d'informations sans filtre ni contrepoint, sous couvert d'un dispositif d'apparence professionnelle est utilisée par la grande famille de la Dark info."

Pouvez-vous donner un exemple ?
"J'ai rencontré longuement Serge Petitdemange, YouTuber auto formé et relayeur de fausses informations. Il défend notamment l'idée qu'il n'y a plus de constitution en France, une fake new couramment relayé sur les ronds points des gilets jaunes. Il a publié des vidéos vues par 8M de personnes sur YouTube (selon ses dires) et il appelle à des rassemblements..."

Comment se prémunir des fake news ?
"Dans le film Hold-Up, on déclare que le Coronavirus est un virus crée par l'Institut Pasteur, un complot pour dominer le monde. C'est évidement une fake new, qui à la couleur de l'info mais qui relève de l'intox. Pour dénoncer ces fausses informations, il faut toujours remonter à la source. C'est ce que j'apprends à mes étudiants! A priori, on peut faire confiance aux grands médias classiques. Il faut aussi développer l'éducation aux médias qui manque aujourd'hui de moyens et d'ambitions."



 
Avec les nombreuses questions du public, de nouveaux thèmes ont été abordés :
L'objectivité du journaliste, l'information au service d'une idéologie, les frontières poreuses entre journaliste et animateur, l'apparition de thèses complotistes dans l'édition de livres pour les jeunes, la capacité de l'IA (Intelligence Artificielle) à générer des fausses images.

Quelle confiance faut-il accorder aux chiffres donnés sur la participation aux manifestations ? Existe il des moyens pour savoir si un média utilise de bonnes méthodes de vérification de l'information?  Quelle confiance peut-on accorder à un média ?

On a aussi rappelé le sondage réalisé par Viavoice pour les assises internationales du journalisme, repris notamment par Ouest France (28 mars 2023) 84% des sondés pensent que le journalisme est utile. Un pourcentage en baisse, car en mai 2022, le chiffre était de 90%! Le sondage met aussi en évidence la difficulté de distinguer un média sérieux et des sites relayant des informations non vérifiées (72% des sondés pensent que c'est aujourd'hui plus difficile). Il révèle également que pour 54 % des sondés, il y a une détérioration de la qualité de l'information délivrée par les journalistes. Pour 89% des personnes interrogées, il y a de plus en plus de fausses informations sur internet et les réseaux sociaux.

Faut-il alors payer pour une information de qualité? Quel modèle économique de l'information?
Autant de questions qui appellent à la vigilance et à la réflexion. Ce sont bien les ambitions des conférences de l'Observatoire des Médias, qui a proposé ce jour sa dernière rencontre de l'année.


Patrice Saint André (avec les notes de Marie Lucie Gosselin)